Parlons un peu de l'interopérabilité !
Mais qu'est-ce que c'est ?
#interoperabilité #GAFAMS #RéseauxSociaux #API #Lois
[1/10]
Il existe (au moins) deux articles qui en parlent, celui de Laurent Chemla (https://www.non-droit.org/2020/02/22/interoperabilitay/) et de Stéphane Bortzmeyer (https://framablog.org/2019/06/12/cest-quoi-linteroperabilite-et-pourquoi-est-ce-beau-et-bien/)
Il est souvent associé "interopérabilité" et "contrôle des algorithmes" (ndlr. des GAFAMS) or, comme le dit très bien le 2nd article
[2/10] « Cet appel est modéré dans le sens où il ne demande pas aux GAFA de changer leur interface utilisateur, ni leur organisation interne, ni leurs algorithmes de sélection des messages, ni leurs pratiques en matière de gestion des données personnelles. »
L'interopérabilité est, en sommes, obliger les GAFAMS à disposer d'une API sans restriction, d'une part et d'autre part, imposer le fait que l'on puisse communiquer d'un réseau à un autre.
[3/10] En sois, l'idée est bonne. C'est le principe du mail, on peut avoir une boite mail chez Google et une autre chez Free, il sera possible d'échanger, de communiquer. Comme pour les mails, cet interopérabilité et donc l'uniformisation du protocole n'impose pas un code source ouvert et donc, ne permet pas de savoir ce qu'il s'y passe.
[4/10] Reprenons l'exemple du mail. Le protocole est ouvert, standardisé, mais à aucun moment nous ne savons comment Free traite nos données avec exactitude ni comment un algorithme de Google filtre, et traite les mails arrivant chez Gmail.
Par conséquent, si on imagine pouvoir communiquer entre WhatsApp et Messenger* on ne saurait pas comment leurs algo filtre et traite ce que l'on voit.
[5/10] Ni même comment ils diffusent et collectent nos données personnelles ni même quelles données sont collectés !
* Certes, WhatsApp et Messenger appartiennent à Meta et c'est qu'une messagerie, donc moins filtré qu'un réseau social à part entière.
[6/10] Prenons un nouvel exemple, être interopérable c'est poster quelque chose sur Facebook et que ce soit visible sur 𝕏 et inversement.
Dans les deux cas, Facebook collectera nos données puis 𝕏 aussi ! Le tout sans pouvoir contrôler la manière dont ils le font.
L'interopérabilité, pourquoi pas mais pas pour contrôler le fonctionnement des algo ni la collecte des données.
[7/10] Pour que l'interopérabilité soit bien plus efficace, il faudrait d'abord imposer l'ouverture du code d'une part et/ou imposer un espace non algorithmé.
Sur Mastodon par exemple, il y a l'accueil, un espace qui affiche juste vos abonnés et le flux global qui affiche tous les Toots publics.
Chez les GAFAMS, ça n'existe juste pas.
[8/10] À mon sens, il peut y avoir de l'algorithme chez les GAFAMS, un espace "Pour Vous" et un espace "Global" qui afficherait le contenu non algorithmé, l'équivalent du "Accueil" de Mastodon.
De plus, il faudrait imposer que le profil d'un·e utilisateur·rice soit dans le même esprit "Pour Vous" et "Global"
[9/10] Dans tous les cas, ça n'empêchera pas Facebook, 𝕏 et consorts d'algorithmer tout de même le contenu ne devant pas l'être mais cela deviendra visible, donc peu faisable.
Ces plateformes cherchent le profit, c'est logique, on ne peut pas leur demander de fonctionner autrement car ils trouveront toujours un moyen de contourner.
[10/10] Pour résumer, dans le meilleur des cas, il faut imposer l'ouverture du code (ce qui me paraît peu faisable). Et à minima, des espaces non algorithmé au même niveau que celui algorithmé (et pas planqué dans un sous-sous-sous-menu...)
Alors, on peut imposer à toutes plateforme le fait d'avoir une API accessible permettant d'avoir divers clients d'app et de communiquer entre les réseaux.
Quoi qu'il en soit, ça éviterait les dérives mais pas la visibilité du fonctionnement des algorithmes